La relation de confiance entre un enfant et ses parents est l’élément clé qui apporte la sécurité affective nécessaire pour grandir dès le début de la vie.
Mais il est indispensable que chacun ait un espace personnel, une intimité physique et psychique. Les enfants n’ont pas à tout savoir de la vie de leurs parents, en particulier concernant leur vie de couple.
C’est une évidence pour la plupart d’entre nous.
Mais il peut arriver que, sans le vouloir, cette « règle » évidente soit balayée. C’est parfois le cas pendant des situations difficiles telles qu’un divorce.
Dans certaines configurations, involontairement, l’enfant devient témoin de disputes et entend trop de choses. Parfois, un des parents en souffrance se met à trop se confier à l’enfant.
Voilà 3 choses essentielles :
- Se confier sans en dire trop
- Respecter la limite des générations
- Préserver l’enfant de sa propre curiosité
Pour autant, il ne s’agit pas de se culpabiliser en tant que parents. Il suffit de prendre conscience de ces éléments.
Il ne s’agit pas de ne plus communiquer avec l’enfant, ce serait une erreur. Verbaliser des choses à l’enfant, ne pas lui cacher des choses, éviter les non-dits, c’est aussi primordial.
Il faut donc réussir à faire la part des choses. Certaines choses doivent être dites même si elles ont un impact sur l’enfant. D’autres, vont l’affecter alors qu’elles ne le concernent pas.
Confier des choses trop personnelles pour se décharger de sa souffrance ou de ses émotions négatives en critiquant l’autre parent, par exemple, ce n’est pas constructif pour l’enfant et cela crée des blessures inutiles.
Certains enfants cherchent inconsciemment à occuper cette place de soutien auprès d’un parent. Si l’adulte se rend compte de ça, il doit expliquer à l’enfant, sans le blesser, que ce n’est pas sa place.
Laisser à l’enfant la possibilité d’être un enfant et s’occuper de soi en tant qu’adulte en cherchant de l’aide ailleurs est essentiel pour son épanouissement.
Un enfant ne peut pas occuper la place de confident par rapport à son parent car cela crée trop de poids sur ses épaules. Ce n’est ni son rôle, ni sa place et Il n’est pas en mesure de gérer ce poids.
Quand les adultes traversent une phase difficile, l’aide d’un professionnel peut favoriser la circulation de la parole pour relancer une dynamique positive.
Le plus important est de favoriser le dialogue et la confiance entre le parent et l’enfant. Chacun parle de sa place, de ses besoins et de ses émotions.
Comme j’adhère à ce que tu dis !
Moi aussi, j’en vois des tas, des enfants, devenus confidents de leur parent, suite à des séparations conflictuelles.
Souvent, c’est des mamans que je vois. Qui disent tout le mal qu’elle pense de monsieur, en tant que mari, père et homme…Devant l’enfant.
Et qui devant mon étonnement, finissent par dire « mais je ne lui cache rien. Il a le droit de savoir aussi ».
Et l’enfant se retrouve parentalisé, être le protecteur de sa mère. Forcé implicitement de prendre partie contre l’odieux personnage que serait son père… Exposé à tout le récit des déboires de la
vie conjugale.
Très dur à travailler car mamans hyper sensibles, sur la défensives, camouflant souvent des traits dépressifs sous un dehors agressif et revendicateur.
(tiens je devrais en faire un article moi aussi, vu l’inspiration ! )
Merci de ton commentaire qui me donne à réfléchir. J’ai hâte de lire ton article sur le sujet.
Il y a pire que confident de son parent; certains enfants sont carrément dans une position d’otage à cause de ce conflit de loyauté.
Je suis entièrement d’accord avec cette analyse. C’est souvent qu’on est confronté en tant que professionnel à ce genre de situations dans nos pratiques. Il est d’autant plus important de garder
sa neutralité. Merci de votre passage qui apporte un éclairage très intéressant à mon propos.
Oui, je confirme… Etre le confident de ses propres parents est d’une violence extrême, encore plus si l’objet de la confidence est… le couple parental(Et c’est souvent le cas).
Je reçois aussi de ces enfants (souvent des filles) qui sont le confident de leur mère… Pfff ! « On n’a pas de secret »… Comme s’il fallait tout partager…
Je m’élève avec toi contre ce fait. Une mère, un père, est un parent et n’a pas à tout dire à son enfant.
Personnellement, je me souviens d’une soirée où ma mère a commencé à me raconter que la veille elle avait fait l’amour avec mon père… « Ho, maman, j’ai pas envie d’entendre ça ! »… Je devenais,
ou j’aurais pu devenir à ce moment-là, le confident des choses sexuelles de ma mère ? Noooon ! Définitivement non…
Laissons à nos enfants (et aux enfants) le soin de vivre hors des confidences de leurs parents..; et s’ils en sont les victimes, permettons-leur de leur dire qu’ils peuvent dire NON…
Que chacun reste à sa place ! Et je m’élèverai encore et toujours contre ces parents qui prennent leurs enfants pour des amis ou des copains…
… ET je signe ton article avec toi. S’il peut être lu par ces parents-là qui prennent leurs enfants pour des confidents, que cela les aide à réfléchir !
Merci de ton commentaire qui signe une analyse très juste de la situation. Je te remercie de t’associer à moi dans cet article et je vais rajouter cette mention au sein de l’article en faisant un
lien vers ton blog.
Au risque de paraître vieux jeu (et pourtant, je n’ai pas 40 ans !), je crois aux bienfaits de laisser l’enfant avoir une vie d’enfant. Ben oui, je trouve ça sain que mes enfants se préoccupent de
ce qu’il y a pour le pique-nique, de ce qu’on va faire pendant le WE ou du film qu’on va regarder tous ensemble. Laissons-les prendre le temps de grandir ! Pourquoi leur « pourrir » le cerveau de
préoccupations ou de problèmes qu’ils ne pourront pas gérer affectivement …
Il faut dire que j’ai été à bonne école avec l’un de nos fils. Un soir il y a plusieurs années, alors que je rentrais tard du boulot, mon fils de 3 ans 1/2 me demande :
– Maman, pourquoi tu rentres tard ?
– Je rentre tard parce que je cherche un nouveau travail.
– Mais si tu cherches, pourquoi tu n’as pas encore trouvé ?
– ?????? (O my God ! Tu n’as que 3 ans 1/2 !!!)
– Et si tu trouves un nouveau travail, tu ne travailleras plus avec ton chef que tu aimes bien ?
– ?????? (O my God ! Il réfléchit à des trucs …).
J’ai rassuré l’enfant mais je me suis promis de ne plus jamais prendre l’enfant pour mon confident. C’était une erreur de débutante !
Depuis, on parle de beaucoup de choses car il est très curieux mais je fais une différence entre aborder des sujets sérieux (genre « comment fonctionne la Bourse ? ») et les sujets personnels.
Ne pas mélanger les genres et respecter la place de chacun. Les soucis de boulot ou de coeur, c’est à mon mari ou à mes amis que j’en parle. Les conflits avec les enfants sont réglés (c’est vite
dit !) avec l’enfant concerné.
Et puis, j’essaie de respecter leur évolution. Que mes fils veuillent devenir sportifs professionnels alors qu’ils ont 11 ans, c’est normal, c’est même assez sain. Que je leur dise cruement la
vérité (ils ont très peu de choses d’y parvenir) ou que je leur dise au contraire qu’ils sont assurés d’y arriver, ce n’est pas mon rôle. Je me contente de leur dire que pour réaliser leur rêve, il
faut être passionné, motivé, entrainé, que je suis fière d’eux et qu’il faut continuer à jouer pour le plaisir. Je ne veux ni les faire grandir trop vite en cassant leur rêve ni leur promettre un
avenir de joueurs pros.
Pour moi, être un bon parent, c’est les soutenir dans leur défi, les encourager mais rester en dehors de leur rêve. Ils ont droit à leur part de rêve, à leur intimité…
Nous avons une vision d’adultes qui, fort heureusement, n’est pas la leur. On peut être désillusionné (comme les mères qui déplorent l’attitude de leur ex et parfois des hommes en général), on est
moins naïf, on peut avoir moins d’espoir en l’avenir … Hélàs, on ne transmet pas que du bon à nos enfants. On transmet aussi de bons vieux clichés que l’enfant prendra pour argent comptant et
traînera toute sa vie. C’est dommage ! Laissons les en dehors des histoires d’adultes.
Je suis sûre que F. Dolto qui prônait le dialogue avec l’enfant n’a jamais dit qu’il fallait TOUT lui dire, juste qu’il fallait lui dire ce qui le concernait.
L’éducation que recevait les enfants jusque dans les années 80 était basée, me semble t’il, sur une certaine distance entre parents et enfants : avec ses bons côtés (les parents géraient leurs
problèmes loin des oreilles des enfants) et ses mauvais côtés (une affection parfois limitée, moins de spontanéité, moins d’échange). Mais les rôles étaient clairement définis : les parents
détenaient l’autorité, les enfants étaient sensés respecter les règles de vie des parents et grandir à leur rythme.
Bien-sûr, c’est facile à dire quand on a une vie tranquille dans un contexte favorable (amour, enfants, boulot, vie sociale riche, vie culturelle ….). Dans un contexte très défavorable où le
parent se sent seul, sans soutien, sans conjoint, avec une famille éloignée ou indifférente, peu d’amis, on n’est en général très fragilisé. C’est dans ce cas-là qu’on n’est beaucoup moins « Dolto »
et beaucoup plus démuni …. C’est dans ce cas-là qu’on consulte un psy. C’est déjà le signe qu’on souhaite un changement (sans forcément qu’on puisse changer !).
Massilia
Je suis tout à fait d’accord avec ce que vous dites, vos exemples sont très parlants. Je pense aussi que c’est beaucoup plus difficile pour les parents isolés de ne pas mettre leurs enfants dans
cette position de confident et c’est d’ailleurs une bonne démarche de justement trouver une personne extérieure qui fera tiers dans cette relation.
Bonjour,
je suis tout à fait d’accord avec vous. J’ai un proche qui est maintenant adulte qui je pense a souffert de cette position de confident (dès 6 ans! situation de couple difficile pour les parents). je crois qu’aujourd’hui il somatise beaucoup. Comment l’aider? Doit-il en parler directement avec sa mère de ce poids qu’il a (il ne dit pas qu’il a un poids. Il est très généreux et les autres passent avant lui et il le fait avec plaisir mais je sens que c’est une lourde charge)? Il est anxieux et a aujourd’hui une maladie chronique qui à mon avis est liée…