Le rôle du psychologue est d’accompagner le patient à comprendre et à découvrir les solutions qui sont en lui.
“Les solutions sont à trouver en vous” ! Cette phrase ressemble à une phrase un peu tarte à la crème de développement personnel. Pourtant c’est une phrase que j’aime parfois utiliser quand je parle de thérapie.
Le sens que je mets derrière, c’est que chacun a les ressources internes nécessaires pour trouver des solutions; et le rôle du thérapeute est d’aider son patient à les activer ou les réactiver.
Les patients ont parfois du mal avec cette idée. Quand on consulte, on est souvent dans une position de vulnérabilité sur le plan psychologique. Ce n’est pas une position de faiblesse mais plutôt une position de fragilité temporaire. C’est cette vulnérabilité qui met certains patients dans une attente spécifique…
“Le psy va me dire ce qu’il faut faire!”
Parfois, les patients attendent de leur psychologue qu’il leur indique les choix à faire… Quitter leur conjoint·e ou rester avec ? Démissionner ? S’éloigner de leur famille ou non ? Que faire avec leur(s) enfant(s) ?
Le rôle du psychologue n’est pas de projeter des solutions toutes faites ou ses propres solutions sur le patient. Le rôle du psychologue est d’accompagner le patient à comprendre qu’il a ses propres solutions en lui et l’aider le patient à découvrir ces solutions.
Le psychologue mets des outils au service du patient
C’est caricatural mais c’est une façon de décrire la réalité. Le psychologue propose un espace de médiation pour aider le patient à se reconnecter à lui-même. Dans cet espace, le patient peut creuser dans sa psyché et dans sa vie pour comprendre et analyser ce qu’il ressent sous la supervision du psychologue.
En faisant cela, le psychologue aide le patient à découvrir ce qui ne lui fait pas du bien – le problème – et ce qui lui ferait du bien – les solutions.
Il serait trop dangereux de considérer que le psy a toutes les solutions et, surtout, qu’il les impose à un patient démuni. Le psychologue ne détient pas la vérité absolue concernant le patient. Lui imposer quelque chose de la sorte pourrait être assimilé à un abus sur personne vulnérable.
C’est avant tout une question de déontologie et d’éthique. Si le psychologue exerçait un tel pouvoir sur la vie de ses patients, ce serait une relation d’emprise, non professionnelle et toxique par nature.
C’est aussi une réalité pragmatique. Le psychologue ne peut exercer un tel pouvoir sur la vie de ses patients parce qu’une grande partie des changements et transformations au fil d’une thérapie est entre les mains des patients eux-mêmes.
Les solutions sont à trouver en vous…
Le psychologue est comme une lampe torche, il a un rôle d’éclairage sur les difficultés que vit le patient. C’est d’autant plus vrai quand le patient en a déjà conscience par lui-même. Dans ce cas, le psychologue éclaire les contours pour mieux cerner le problème. Il prévient. Il alerte.
Le psychologue est aussi comme une boussole, il offre une guidance, dans le sens ou il montre un chemin de sortie de crise voire de guérison possible. Il peut y avoir plusieurs chemins possibles mais c’est le patient qui va arpenter ces chemins avec sa boussole en main, à savoir le psychologue qui l’accompagne.
Le patient travaille avec les outils du psychologue
L’outil permet d’accomplir une tâche mais c’est l’individu qui travaille. Et pourtant, parfois, il y a des demandes très fortes de la part de patients…
“Faites le clair pour moi dans ma vie…”
“Dites moi quoi faire…”
“Quelles décisions dois-je prendre ?”
“Quels arbitrages dois-je opérer ?”
En somme, donnez-moi vos instructions de psychologue et je les appliquerai… Sans rien demander… Sans remettre les choses en question. Un psychologue ne doit pas faire ça, il en va de l’autonomie du patient qui doit être une priorité.
Face à ce genre de demande, le rôle du psychologue n’est pas de donner suite mais de décrypter avec le patient ce qui est sous-jacent. C’est ce qui est derrière cette demande qui est important car ce sont les vrais motifs qui amènent le patient à consulter. C’est en travaillant sur ces motifs que se dégageront les pistes qui permettront au patient d’avancer, s’il s’en saisit.
Cela s’applique également aux coachs de vie qui sont dans une approche plus concrète et centrée sur la prise de décisions. Le coach s’appuie sur le vécu et le ressenti quotidien de son client mais il n’a pas à choisir et prendre des décisions à sa place. Il peut encourager à appliquer, il ne peut imposer. Ça ne serait ni professionnel, ni aidant pour le client.
Le psychologue aide le patient à accepter la responsabilité de ses choix
Consulter un psychologue ne signifie pas renoncer à se sentir responsable de sa vie et de ses choix. Au contraire, il s’agit de réaffirmer cette responsabilité.
Le thérapeute est là pour conduire le patient à accepter d’assumer pleinement cette responsabilité. Assumer pleinement ses choix, ses erreurs ou ses errements. Le psychologue accompagne, soutient, alerte parfois et conseille aussi. Mais il reste dans une distance thérapeutique nécessaire car il ne vit pas la vie du patient. La distance thérapeutique c’est essentiellement un regard extérieur et neutre qui aide le patient à se sentir pleinement en confiance dans la thérapie
Par le travail de compréhension et d’analyse du vécu, des émotions et des besoins, il aide à mettre en place de actions qui vise le mieux-être du patient. La décision d’agir et le choix du moyen sont entre les mains du patient, jamais entre celles du psychologue.
La seule exception concerne les situations de danger imminent et évident. Et encore, même dans ces situations, le thérapeute peut tirer le signal d’alarme et conseiller le patient dans son intérêt pour sa sauvegarde physique et/ou psychologique. Il ne peut pas vraiment décider de mettre des actions en oeuvre à la place du patient.
Le ping-pong thérapeutique
Et oui, par certains aspects, c’est un peu une partie de ping-pong qui se joue en thérapie. Le psychologue va souvent vous renvoyer à vous. Quand un patient lui demande ce qu’il pense de telle situation, il va renvoyer à ce que pense le patient.
Ces aller-retours sont alimentés par le contenu de la séance mais aussi par des références aux notes que prend le thérapeute d’une séance à l’autre. Parfois, cela peut pousser le patient dans ses retranchements mais c’est toujours de manière bienveillante et avec un objectif : aider le patient à se référer à lui-même.
Le psychologue écoute le patient. Il l’écoute même se disperser si nécessaire. Puis il recadre. Il revient au patient pour qu’il puisse comprendre où il se trouve sur le plan psychologique au moment présent. De quoi il a besoin.
Le thérapeute a la délicate tâche de faire en sorte que le patient se sente en sécurité. C’est à la fois simple et compliqué. Le patient doit se sentir écouté sans jugement pour pouvoir avancer que ce soit une idée après l’autre ou dans un maelström d’idées.
En effet, quand on souffre psychologiquement, on a tendance à vouloir se vider, à déverser un torrent d’idées et d’arguments. Parfois, toutes ces briques s’assemblent au fur et à mesure des séances. Et parfois, non.
Le rôle du psy est d’aider le patient à se dégager de la crise ou du sentiment d’urgence qui le freine. Petit à petit, le thérapeute aide le patient à comprendre le tableau global de sa vie.
Souvent, pendant plusieurs semaines, après plusieurs rendez-vous, certains patients on l’impression de ne pas clarifier la situation suffisamment vite. D’autres ont l’impression de trop en dire ou, au contraire, pas assez. Parfois c’est un sentiment de ne pas avancer parce qu’ils ne comprennent pas ou ne voient pas comment faire ou simplement ce qui change dans leur vie.
C’est tout à fait normal. La raison est la suivante…
De la thérapie à devenir acteur de sa vie
Le travail sur soi en thérapie est un processus. Cela signifie qu’il y a des étapes, des allers-retours et parfois des rechutes. Ce processus n’est pas linéaire. Il n’est pas rapide même dans des situations qui paraissent légères au premier abord.
Mais ça ne veut pas dire que le patient est coincé pour les 10 prochaines années, non !
Ce travail personnel du patient, qu’il fournit entre les séances, consiste essentiellement à :
- Laisser “infuser” ce qui s’est dit en séance, puis y réfléchir.
- Avancer dans son quotidien en essayant des choses proposées par le psychologue (outils, exercices, pistes de réflexion) ou des choses personnelles.
Le processus thérapeutique dont je parle consiste en fait à faire en sorte que le patient soit acteur de sa thérapie pour mieux devenir acteur de sa vie.
En ne se focalisant pas sur le résultat immédiat, le patient et le thérapeute avancent de concert dans un lien de confiance. Le thérapeute propose des pistes. Le patient choisit de les essayer ou non. S’il en ressent des bienfaits, il comprend mieux ce qu’il doit faire et quelles décisions il doit prendre.
S’il accepte de se laisser le temps dans le processus et qu’il n’attend pas de résultats immédiats, alors le patient augmente ses chances d’accéder petit à petit à ses propres solutions qui sont en lui. Le rôle du thérapeute et de la thérapie est d’aider le patient à les mettre, voire les remettre, à jour.
Les solutions sont à trouver en vous… Le psychologue vous aide à les trouver.
Pour conclure…
Le thérapeute comprend la souffrance et la situation d’urgence des patients. Il traite l’urgence mais il sait aussi qu’il y a un souvent un travail de reconstruction personnelle à faire après ces situations d’urgence.
Quand le patient se sent rassuré, un peu apaisé, voire hors de danger parfois, c’est là que le véritable travail de changement commence. Ce travail est un processus plus lent et plus profond. Il demande du temps et de l’engagement pour devenir acteur de sa thérapie.
En général, au bout de quelques mois, les bénéfices se font ressentir. Le patient vit un vrai changement et surtout, il acquiert des outils pour une vie entière plutôt qu’une rustine posée sur une situation d’urgence.
Et ça, c’est le vrai sens de la thérapie: accompagner le patient dans un changement durable et profond vers le mieux-être. C’est un travail qui ne peut pas se faire dans l’urgence mais dans un temps qui se laisse du temps… un temps qui respire !